Après une pause bien méritée pour mon déménagement, c’est à la lueur d’une pleine lune
ronde et dorée que je vous écris. Une lune invitante, envoûtante même, presque magique. En
cette soirée de fête des pères au moment où je vous écris, cette lune m’amène vers un autre
monde…l’univers des êtres qui ont peuplés cette vie et qui ne sont plus. Mon père, aussi fou que
cela puisse paraître, c’est assis quelque part sur la lune que je l’imagine. Veillant et donnant de
la lumière quand je suis dans le noir. Parcourant des yeux les terres qu’il a cultivées et
protégeant sa progéniture dont il était fier.
La première personne qui m’a fait vivre et qui m’a montré le sens du mot fierté comme je le vois
aujourd’hui, c’est mon père. Un mélange d’amour, de douceur, de respect et de dur labeur voilé
de plusieurs soucis que je pouvais percevoir dans ses yeux. C’est un des plus beaux sentiments
que quelqu’un a pu me faire vivre.
Des fois, j’ai l’impression que le mot fierté a un sens négatif dans l’esprit des gens. Un peu
comme si une personne fière, c’est une personne qui prend les autres de haut, pour les faire
sentir moins que rien. Pour moi, ce n’est pas péjoratif, être fier. Au contraire, je trouve ça plutôt
lumineux. Une sorte de point d’ancrage qui irradie la personne qui le porte et le monde autour.
Pour l’idéaliste que je suis, la fierté est contagieuse. Celle de l’autre nous invite à nous dépasser,
à trouver ce petit moteur que nous possédons tous, qui, au même titre que l’amour, nous
amène à défier, à faire tomber des barrières et à créer. Et ce, à une toute petite échelle comme
à une plus grande.
Dans l’expression populaire on dit « je suis» fier. Et c’est bien là pour moi l’essence même de ce
mot. Un sentiment unique d’être à sa place (ici et maintenant), d’avoir réalisé quelque chose ou
partagé un moment qui fait sens. Ce sentiment un peu affolant d’apaisement temporaire dans
cette quête infinie du moi et de l’identité. Un sentiment qui vient des «tripes». Qui se voit. Qui
s’entend. Surtout, qui se ressent. Un petit bout de bonheur qui fraie son chemin à travers une
mare de soucis et de questionnements.
J’aime croire que le bonheur n’est pas un sentiment qui se trouve et qui se vit de façon
permanente. Le bonheur, dans mon cœur, c’est évolutif. Une sorte d’assemblage bigarré et
farfelu de petits moments, de petits rires et sourires, de pleurs, de câlins, de tout ce qui
compose une vie, à chacune de ses étapes. Le bonheur pour moi, c’est aussi rempli de petites
fiertés diverses et propres à chacun et chacune d’entre nous, de réussites aussi qui se
mélangent et se superposent l’instant d’un battement de cœur, l’instant d’une journée.
Je suis fière d’aimer la vie. Et vous, êtes-vous fiers?